Dionysos – Vampire en pyjama

On attendait le retour de Dionysos depuis quelques années, après un pétillant Bird’N’Roll et la sortie du film d’animation Jack et la Mécanique du Coeur, tiré du chef d’oeuvre de Mathias Malzieu. Mais on n’attendait pas l’histoire qui accompagne et berce ce nouvel album. Les premiers extraits dévoilés ne l’expliquent pas tellement, on voit simplement le personnage du vampire se dévoiler, pas étonnant car l’on annonce en même temps la sortie du livre de Mathias Malzieu « Journal d’un Vampire en Pyjama ». 

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Et puis il y a la révélation de toute l’histoire : le chanteur, Mathias Malzieu s’est vu diagnostiquer une maladie grave et rare, l’aplasie médullaire. C’est apparemment dès les début de son hospitalisation qu’il prend la plume et appelle les autres membres du groupe pour travailler sur cet album, qu’il a même envisagé comme posthume, au vu de sa situation plus que délicate. Il sera finalement sauvé par une greffe de cordon ombilical. Mais tout cela lui offre de formidables possibilités créatives, lui qui sait déjà explorer des pistes autobiographiques dans la fiction. Là, son roman n’en est pas un, c’est un véritable journal (que j’ai hâte de dévorer !). L’album suit la même histoire que le roman, mais il fait plus que cela. Le groupe se réinvente dans ce contexte grave. Les chansons deviennent encore plus poétiques qu’avant, plus sincères aussi. Le panache est un peu mis de côté, au profit d’une douce authenticité. Et pourtant, l’album n’est pas triste. Il est lumineux, se concentre sur le positif, ce qui est triste devient poétique. Comme à chaque fois cependant, les métaphores se multiplient, offrent différents niveaux de lecture. Mais le masque tombe encore plus que sur les albums précédents.

Vous devinez à mes mots que l’album est un vrai coup de coeur. Au cours de la chanson « Vampire en Pyjama », Mathias Malzieu s’exclame à juste titre « Dionysos est né deux fois ». Le groupe a 22 ans de carrière, 22 ans d’explosions épiques et rock. Alors là, sans renier leur style, ils se font plus pop, plus poétiques. On n’oublie pas l’épique, le drame aussi présents dans les autres albums et livres. Il me semble que tout est distillé dans de bonnes mesures sur cet album, qui retient le meilleur que le groupe a pu nous présenté sur toutes ces années.

L’aspect poétique est très largement dominant. On sent beaucoup de travail sur les paroles (peut-être même plus que sur les autres albums). La plus représentative est bien sur Chanson D’Été qui ouvre l’album sur une reprise du poème « Chanson d’Automne » de Verlaine, sur une ambiance western, Malzieu ayant l’impression que ses anticorps se livrent à une véritable guerre du far west en lui. Tout s’emballe comme dans une folle cavalcade à partir de la moitié de la chanson, sur laquelle le rejoint Babet, dont la voix ponctue à merveille la plupart des titres. Ensuite, la poésie de Guerrier de Porcelaine est un vrai coup de coeur. Le titre est doux, même dans les voix de Mathias et Babet. Il ne se fait pas mielleux, ponctué de quelques accords de guitare électrique (car oui, on ne perd pas l’essence rock de Dionysos comme cela !). Le pont après le deuxième refrain est absolument sublime et mélodieux. L’Heure des Lueurs joue sur les mêmes cordes avec des accords un peu similaires. Know Your Anemy est plus rythmée, et cette fois ci chantée en anglais. Mais le jeu de mot du titre est tellement bien pensé que le titre reste intéressant en termes de paroles. Le Chant du Mauvais Cygne est plus doux, joué à la guitare sèche, accompagné ensuite du violon de Babet puis de l’harmonica de Mathias. C’est doux, c’est harmonieux, et on y trouve une phrase qui correspond bien au chanteur impétueux : « Je me reposerai quand je serai mort ». On retrouve ensuite les deux titres qui paraissent les plus directement autobiographiques : Vampire au Pyjama et Déguisé en Moi, les deux faisant référence à la carrière de Mathias et du groupe. Les paroles valent vraiment le coup d’être écoutés. La première fait voir l’espoir, et la deuxième laisse voir un touchant désir d’être plus sincère, avec l’énumération chantée par Babet de tous les personnages endossés par Mathias.

Ce dernier titre vraiment sympa entre dans une veine un peu plus pop, comme Vampire de l’Amour par exemple, premier titre dévoilé pour cet album. Il est enlevé, énergique tout en restant bien maitrisé. I Follow Rivers, reprise de Lykke Li placée au milieu de l’album comme un interlude (pour reprendre le mot de Mathias Malzieu lui-même) est une bonne surprise, d’autant plus que c’était une chanson qu’il chantait pour une des infirmières qui l’accompagnait. Enfin, Skateboarding sous Morphine est aussi un bon titre qui énumère pas mal de figures célèbres (Gainsbourg, Charlie Chaplin…), avant un refrain vraiment top.

Et parce qu’on est dans un album lié à une histoire, adossé à un récit, il y a des titres à l’ambiance plus noire, plus sombre. Le plus évident est pour la chanson Dame Oclès (encore un super jeu de mots), dont l’ouverture me fait penser aux inquiétants thèmes consacrés à Joe dans La Mécanique du Coeur. Mais cela n’en diminue pas sa qualité, au contraire, cela donne une profondeur presque épique au titre et une force supplémentaire. J’apprécie un peu moins Un Petit Lion, la suivante, sans trop vraiment savoir pourquoi ! Enfin, j’avais des réserves sur Hospital Blues pour la première écoute. C’est le deuxième titre en anglais, mais je l’avais trouvé un peu mou lors de sa révélation. Et finalement, il se révèle très bien, devenant plus puissant assez rapidement, ce que le live à la Fnac Saint Lazare du 30 janvier a permis de confirmer.

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Hier (30 janvier), j’ai donc pu voir leur retour lors d’un petit showcase à la Fnac (mal organisé d’ailleurs). L’occasion de voir qu’ils sont en pleine forme, surtout Mathias Malzieu, qui retrouve ses habitudes de bouger dans tous les sens en live, malgré l’aspect intimiste du concert. La séance de dédicaces qui a suivi a été très sympa, l’occasion de les féliciter pour leur album très réussi, et d’espérer les revoir bientôt en festival !

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En tous cas, l’album est vraiment à écouter, pour les fans du groupe comme les autres. Il y a un peu de changement, mais cela ne dissout en rien leur talent, et ils l’ont promis, sur scène, cela bougera autant qu’avant !

Dionysos – Vampire en pyjama